1 - L'ouvrage didactique : Manières d'apprendre
Manières d'apprendre - Pour des stratégies d'apprentissage différenciées
Il peut être consulté et acquis à la Librairie pédagogique du FLE (15 rue Boussingault dans le 13e, 01.49.29.27.21). L'AUTEUR Jean-Michel Robert a enseigné la linguistique et le français langue étrangère à l’étranger et en France. Il est actuellement maître de conférence à l’université d’Amiens en linguistique appliquée et FLE. Il est membre du Laboratoire d’études sociolinguistiques sur les contacts de langues et la politique linguistique. |
EN BREF
"Dans l’apprentissage / acquisition des langues étrangères ou secondes, le degré de parenté entre langue source et langue cible conditionne fortement les conduites d’appropriation. Dans le cas de langues proches, l’apprenant peut s’appuyer sur la transparence, ce qui rejoint la démarche proposée par la didactique de l’intercompréhension entre langues proches. De son côté, l’apprenant d’une langue cible éloignée peut choisir d’opérer une réduction à l’intérieur de sa propre langue maternelle et (re)construire progressivement un système linguistique en langue étrangère ou seconde. Il faudrait donc envisager, dans les classes de FLE, des modes d’enseignement différenciés qui prennent en compte ces différentes stratégies ainsi que les cultures éducatives des apprenants." |
A propos... du propos
INTRODUCTION
"A la grande surprise de beaucoup d'enseignants en français langue étrangère, certains publics se montrent réfractaires à certaines méthodologies ou approches didactiques." Pourquoi ? C'est la question traitée par Jean-Michel Robert, qui donne comme causes la distance linguistique entre langue source et langue cible ainsi que les habitudes didactiques en usage dans le pays des apprenants. I - L'ouvrage démarre avec plusieurs rappels de définitions, "quelques oppositions fondamentales" dont il est bon de rafraîchir le souvenir. Si le concept de "langue étrangère" n'est un mystère pour personne, celle de "langue seconde" prête en revanche à la discussion. En France, cette "expression pédagogiquement non justifiée" d'après Robert Galisson relève de la politique linguistique. L'ouvrage se penche ensuite sur les notions d'"apprentissage" (organisé) et d'"acquisition" (plus spontanée), ainsi que celles de "langues proches" et "langues lointaines", bases du reste de l'ouvrage. On lira avec intérêt les développements sur l'"interlangue d'apprentissage", "interlangue d'acquisition" et "intralangue", notions moins familières permettant de se représenter les manières dont les langues sont apprises / acquises. De même, la partie 1.3 consacrée aux systèmes linguistiques restreints offre des clés de compréhension des stratégies mises plus ou moins consciemment en place par les apprenants. Une fois ces bases linguistiques rappelées, l'auteur introduit les causes, selon son analyse, des difficultés d'apprentissage : la "distance linguistique et didactique". A travers l'exemple du pronom relatif qui, Jean-Paul Robert met en lumière l'inégalité des locuteurs face à la langue cible. Là où un Italien fera "un simple apprentissage des formes" (apprendre que che se traduit par qui), un Japonais devra faire "l'apprentissage de la structure, des formes, de l'emploi et des contraintes" : et oui, l'usage de qui n'est pas si simple que les méthodes de FLE pourraient le laisser penser ! Plusieurs pages sont ensuite consacrées au public asiatique : on y trouve des conseils pour mieux accompagner ces locuteurs de langues lointaines. Une seconde séquence traite des publics bulgare et roumain. II - Le second chapitre s'intéresse à l'intercompréhension et à ses applications en matière de didactique, avec l'exemple des langues scandinaves (systématiquement enseignées dans les pays voisins). Voilà qui donne des idées à propos de l'intercompréhension des langues romanes, étudiée dans la partie suivante, qui traite notamment de "transparence". Enfin, particulièrement utile, la partie 4 est consacrée à l'enseignement du français aux locuteurs de l'anglais : "Il est tout à fait possible pour un anglophone d'aborder le français par les stratégies mises en œuvre dans les programmes d'intercompréhension (transparence et inférences), comme le montre ce petit texte d'intérêt général qui n'offre pas de difficulté de compréhension à un apprenant anglophone débutant : [...]". C'est à lire pages 88 et 89 :-) |
III - Le dernier chapitre creuse la question des "cultures éducatives". Au-delà des difficultés linguistiques résident les problèmes d'ordre culturel : "l'implicite occidental n'est pas l'implicite asiatique". Il faut ainsi revoir la fameuse "ligne du temps" : la flèche dirigée vers la droite n'est pas une représentation universelle ! On entre alors de plain-pied dans la question de l'interculturel, dépassant la notion de "multiculturalisme". L'auteur interroge sur plusieurs pages le temps, la distance, les statuts... et donne à nouveau des clés pour prendre en compte les apports de la recherche dans le contexte très concret de la classe.
La deuxième partie offre un panorama passionnant de la pédagogie en Asie. Il ouvre les yeux sur des comportements observés en classe et parfois difficiles à expliquer. Les différences dans le rapport à la langue, au groupe, à l'enseignant... débouchent souvent sur un "choc didactique" : "On nous demande de nous raconter à la première personne, d'étaler nos sentiments, de développer une argumentation, non pas purement rationnelle mais subjective. C'est le calvaire !". Il faut donc rechercher un "compromis didactique", plaide Jean-Michel Robert dans la partie consacrée à l'interdidacticité, qui "sonne le glas des méthodologies universalistes", ce qui peut passer par la création de méthodes spécifiques. Reste la question des classes hétérogènes telles que celles de France Langue : l'auteur en parle à la page 139, dans la section "Quelques pistes pour le public asiatique". CONCLUSION
"Aucune méthodologie n'est idéale pour tout public. L'ethnocentrisme ou le "logocentrisme" guette les concepteurs de méthodes produites en France, de même que les enseignants natifs en classes multiculturelles. Les premiers sont soumis à la mode didactique et à la recherche de profits (ratisser large), les seconds, souvent prisonniers de leur propre fonctionnement linguistique et culturel et de leur formation didactique, risquent de faire preuve d'une trop grande partialité en confondant naturel et culturel et en supposant universelles des structures linguistiques qui ne le sont pas." C'est pourquoi la lecture de cet ouvrage clair, vif et argumenté est hautement recommandé ! Au-delà des rappels issus de la recherche en didactique du français langue étrangère, de véritables clés sont fournies aux enseignants de FLE devant faire face à des classes hétérogènes. |
SOMMAIRE
I – Distance linguistique et apprentissage / acquisition
des langues étrangères ou secondes
1. Quelques oppositions fondamentales
2. L’interlangue
3. Systèmes linguistiques restreints
4. Distance linguistique et didactique
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II – Intercompréhension et didactique
1. Les langues voisines en Scandinavie
2. L’intercompréhension des langues romanes
3. Plurilinguisme et langues européennes
4. L’anglais comme langue passerelle
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III – Cultures éducatives
1. Didactique des langues et culture
2. Didactiques autres (Chine, Corée, Japon, Taïwan)
3. Pour une interdidactique
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