4 - Le remue-méninges : l'argot
Quel argot ?
Petit panorama en images
Comment se crée l'argot ?
Cette
nouvelle forme du "tchatcher" contemporain évolue si vite que les
dictionnaires et les études linguistiques peinent à suivre le mouvement.
Le "français des jeunes" plaît à l’évidence, et pas seulement aux
jeunes. Beaucoup d’expressions sont récupérées par les médias, les
publicitaires, les marques commerciales, et aussi par les autres
générations. Cette inventivité passionne les linguistes, adeptes ou détracteurs, même si beaucoup de ces mots ne s’utiliseront plus dans quelques années, voire quelques mois.
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Loin de relever de "l'improvisation lexicale", l'argot est généré par des processus linguistiques (généralement inconscients !) que ce diaporama d'Agnès Picot vous propose de découvrir :
- le verlan : un langage codé qui consiste à inverser les syllabes (à l’envers, c’est donc verlan). Mais, à peine digéré le fameux "laisse béton !", cette technique a été une nouvelle fois "verlanisée" : la femme est d’abord devenue une "meuf", pour être aujourd’hui une "feume". - la troncation : "Le prof est sensas'." - la suffixation : "C'est craignos ici!" - les expressions : "J'adore tes fringues !" Ajoutons les emprunts : citons l’arabe : "zarma" = "ma parole !", les parlers régionaux : "un mia" = "un beau gars, à la mode" (Marseille), et même l’argot classique : "oseille" = "argent". Quoi qu’il en soit, ces formes de langage permettent d’afficher une appartenance à un groupe, à un milieu, et d’affirmer sa différence. Création collective, signe de reconnaissance et de connivence communautaire, mais aussi jeu avec et sur la langue. Ce "céfran" au caractère éphémère laissera tout de même des traces qui s’intégreront, avec le temps, dans notre français standard. (source) |
Enseigner l'argot ?
"Faut-il être bilingue français-argot ?" s'interroge Mariann Körmendy, enseignante de français à l'université Eötvös Loránd de Budapest. "À la question posée dans le titre de cette communication, il convient d’en ajouter d’autres : faut-il enseigner l’argot ? Si oui, qu’est-ce que cela veut dire et qu’est-ce que cela implique ? Et puis, quel argot ? Et pour quoi faire ? Pour comprendre des mots de l’argot, pour les utiliser ou carrément pour pouvoir parler
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argot ?" "Force est de constater que les conseils ne sont pas nombreux pour
orienter le professeur soucieux de chercher des réponses. En effet, les
méthodes de langue aussi bien que les ouvrages didactiques préfèrent
manifestement passer sous silence le problème : ils s’en tiennent à déclarer, dans le meilleur des cas, que la méthode intègre quelques éléments du langage des jeunes." Creusez la question avec cet article, dont voici des extraits :
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►"Toute personne entrepre- nant sérieusement l’apprentissage d’une langue étrangère le fait avec l’ambition de parler comme les locuteurs natifs, c’est-à-dire sans se faire identifier comme étranger. À notre avis, non seulement cet objectif est insensé, mais il est aussi le plus souvent impossible à atteindre." ►"Les méthodes de langue ont beaucoup évolué depuis quelques dizaines d’années : conformément aux change- ments d’objectifs qui ont réorienté l’enseignement des langues vers la communication, les compétences orales sont considérées comme de première importance et le discours en langage quotidien a plus ou moins remplacé les textes littéraires dans les manuels de langue." |
►"Se pose donc la question de savoir si un étranger apprenant le français a vraiment intérêt à se classer dans un tel groupe de par son langage alors qu’il fait partie, le plus souvent, d’une classe socio-profession- nelle plus élevée et que pour lui il s’agirait d’un classement social défavorable." ►"Les méthodes de langue préconisent en général un langage considéré comme standard, tout en acceptant de faire quelques petits écarts aussi bien vers les registres dits soutenus que vers les registres familiers, voire vulgaires. C’est un choix judicieux dans la mesure où il semble favoriser l’apprentissage d’un registre opérationnel à tout moment. [..] En préparant cette communication nous avons pu nous rendre compte que cette ouverture est plutôt virtuelle dans le cas de l’argot." |
►"Qu’en est-il du bilinguisme passif qui consiste à comprendre seulement l’argot, sans le parler ? Le bilinguisme passif est un phénomène extrêmement intéressant puisqu’il peut permettre la communication entre locuteurs n’ayant pas de langue active commune." ►"D’un autre point de vue, au cours de l’apprentissage de la langue, il est difficile de ne pas voir, dans l’argot, une source de motivation et la promesse de moments lu- diques dont il serait dommage de priver les élèves. Tous les apprenants adolescents, motivés pour apprendre des éléments d’argot, s’intéressent bien sûr aux gros mots et aux expressions branchées qu’ils peuvent rencontrer à la télé, en écoutant des chansons ou encore au cours des échanges scolaires ou privés qui se font de plus en plus nombreux." |
►"Nous pensons toutefois qu’il est utile d’acquérir des termes qui relèvent de l’argot, surtout d’une manière passive, en se limitant à leur compréhension, et une bonne maîtrise du registre familier favorisera une communication équilibrée." ►L'enseignant "devrait acqué- rir des compétences dans le domaine de l’argot mais son caractère pluriel, son usage restreint et la rapidité de son évolution constituent autant d’obstacles de taille. Il devrait choisir un argot – mais lequel ? Celui de Marseille, de Lyon ou de la banlieue parisienne ? Celui qu’il a connu quand il était jeune ou l’actuel ? S’il a la chance d’en connaître un, il reste le problème de le montrer à ses élèves et de l’enseigner ; mais où pourra-t-il puiser ses supports ? [...] C’est pour cela que nous pensons que l’espace idéal d’un appren- tissage systématique de l’argot – s’il en existe un – se situe en dehors des cours de langue." |
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Introduire l'argot en classe avec quels supports ?
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Renforcer sa compétence argotique ? :-)
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Rendez-vous le 2 mars 2015 pour la lettre pédagogique n°9 !