1 - Le point didactique : quelle grammaire en classe de FLE ?
"Cette
composante linguistique, qui a connu une période de disgrâce, une sorte
de passage à vide dans les années soixante et soixante-dix, semble
revenue en force aujourd’hui dans la classe de langue. Ce retour
démontre qu’elle est incontournable pour quiconque veut apprendre à
communiquer en français. À l’heure où l’éclectisme paraît légitimé, les
pratiques les plus hétérogènes se côtoient."
Aujourd'hui, où en est la grammaire ? Où en êtes-vous avez la grammaire ? Ce sont les questions posées par Marie-Christine Fougerouse dans le passionnant article "L’enseignement de la grammaire en classe de français langue étrangère" (disponible en intégralité sur cairn.info), dont voici une lecture abrégée. "Notre recherche s’oriente dans trois directions : - la place de la grammaire parmi les autres composantes linguistiques, - les démarches suivies pour sa présentation, - et enfin le matériel privilégié pour l’enseignement. Ce questionnaire a été complété par trente enseignants en activité dans des écoles de langues en province et à Paris. Cette étude sert seulement à dégager des tendances." |
Faire de la grammaire le B-A BA du FLE ?
"Pour les enseignants, la grammaire est la composante linguistique qu’ils estiment la plus importante en classe de langue, avant le lexique, la civilisation et la phonétique. À l’aube du nouveau millénaire, il semble bien que le rejet dont elle a souffert durant la période rigide de l’approche communicative ne soit plus à l’ordre du jour.
Même s’il est incontestable que l’apprenant apprend à communiquer en communiquant, il ne peut néanmoins se passer de grammaire dans les pratiques langagières." "Dans leur esprit [des professeurs de FLE], il existe une relation évidente entre un en- |
seignement (/apprentissage) formel de la langue
et la mise en pratique des formes dans des situations de communication
essentiellement orales. Les enseignants de FLE appliquent le principe de l’approche communicative selon lequel l’apprentissage de
la langue passe par des pratiques communicatives en langue cible, mais
avec de la grammaire. Dans le cadre de la classe, cette dernière est
ancrée dans une réalité textuelle et contextuelle : il cesserait d’y
avoir une coupure entre emplois et formes, on tendrait enfin vers la complémentarité."
"Ce retour en force de la grammaire dans la classe de langue paraît correspondre aux attentes des apprenants, car c’est elle qui suscite le plus d’intérêt de leur part. Elle devance le lexique et la civilisation, la phonétique n’apparaissant pas comme primordiale. Il y a donc correspondance entre ce qu’attendent les apprenants et ce que proposent les enseignants. Il convient d’autre part de s’interroger sur |
les causes de cette reconnaissance de la valeur
de la grammaire par les enseignants comme par les apprenants. Peut-être
leur apporte-t-elle un sentiment de sécurité. Lorsque
l’apprenant prend connaissance d’une nouvelle règle de grammaire, il a
l’impression de maîtriser une partie du système linguistique, même si le
réemploi dans des situations de communication ne va pas toujours de soi."
"D’après les déclarations des enseignants, le temps consacré à la grammaire en classe de FLE varie entre 20 et 70 % du cours ! [...] Il serait judicieux de connaître plus précisément les représentations de l’enseignant quant à la "grammaire en classe" : s’agit-il seulement de la présentation et de l’explication d’un point ? Est-il question d’un processus plus vaste qui regrouperait l’observation, la réflexion, la conceptualisation et la contextualisation des formes linguistiques ? Selon les réponses, les temps indiqués n’auront pas la même signification." |
Faire de la grammaire de grammairiens ?
La grammaire traditionnelle serait très présente dans l’enseignement du français pour un public étranger; les enseignants considéreraient donc que cette description est partagée par tous."
"Cette empreinte traditionnelle toujours prégnante dans les pratiques d’enseignement se retrouve logiquement dans le métalangage : les enseignants admettent faire usage d’une terminologie traditionnelle. |
Par contre, un tiers d’entre eux précise utiliser le métalangage "le plus simple possible".
"Il s’agit avant tout de reformuler un savoir adapté aux besoins et aux capacités de l’apprenant de sorte que l’explication proposée ne soit pas plus complexe que le point étudié. Toutefois, la simplification métalinguistique ne doit pas provoquer un simplisme et un manque de rigueur à la fois réducteurs et/ou caricaturaux, conduisant l’apprenant à une impasse." "Afin de contourner les difficultés liées à l’usage d’un métalangage trop traditionnel, les enseignants auraient pu proposer une démarche inductive. Dans ce cas, les exemples contextualisés permettent aux apprenants d’élaborer leurs propres règles. Or, d’après notre enquête, la pratique de la grammaire inductive demeure minoritaire : les deux tiers des enseignants lui préfèrent la démarche déductive." |
"Parallèlement, dans les démarches décrites, plus d’un tiers des enseignants passent
par un réemploi en production dans la dernière
étape. Le souci de faire découvrir une forme en contexte, puis de
vérifier si l’apprenant l’a effectivement intégrée dans son système
intériorisé démontre que la grammaire ne peut désormais être considérée
comme une composante linguistique pouvant fonctionner seule. La
situation de communication fait partie du processus
d’apprentissage de la grammaire. Nous en déduisons que les enseignants entendent le terme "grammaire" dans un sens relativement large."
"Pour la majorité, la conceptualisation grammaticale est considérée comme nécessaire et essentielle à la mémorisation. Pour l’enseignant, solliciter la réflexion de l’apprenant est un moyen de s’assurer de ce qui est compris. Cette manière de procéder présente une alternative à l’emploi du métalangage traditionnel, ce dernier n’étant pas absolument transparent et universel." |
"Pour chacun « faire de la grammaire en classe de langue » renvoie à des réalités différentes. Toutefois, la règle (énoncée par les apprenants et/ou les enseignants) est un passage obligé. La notion de « règle grammaticale » en classe de FLE ne doit pas être interprétée comme l’équivalent de règles pour le français langue maternelle (FLM). En FLE, les enseignants avancent de manière très progressive. En effet, plus des deux tiers donnent la règle approximative rectifiable par la suite, ou une partie de la règle uniquement."
Faire de la grammaire avec des livres de grammaire ?
"La
majorité des enseignants posséderait donc de solides bases en grammaire
française (du moins le pensent-ils), ce qui leur permet de se
satisfaire des outils spécifiquement FLE, dont la vocation est plus
pratique et pragmatique que strictement théorique."
|
Il semble qu’ils
recherchent davantage des démarches de classe que des connaissances
approfondies sur tel ou tel point."
"L’analyse des cahiers d’exercices utilisés en classe de langue montre que les "grammaires/exercices" sont, ici encore, privilégiés. Les enseignants se servent par conséquent des mêmes outils pour préparer leurs cours et pour présenter les points de grammaire en classe. Un même ouvrage fait double emploi : il est le livre de référence documentaire pour le professeur, ainsi que le manuel utilisé pendant le cours pour travailler sur les formes." "20% des enseignants n’en utilisent aucun. Ces enseignants-là ne cèdent pas à l’attrait des produits finis à vocation universaliste; |
ils
préfèrent créer leur propre matériel, qui sera plus adapté à leur cours
et à leur groupe."
"Insatisfaits du matériel préfabriqué, les deux tiers des enseignants ont recours à des documents authentiques et à des vidéos pour enseigner la grammaire. Nous pouvons penser que les enseignants ont la volonté de varier les documents introductifs servant de base à l’élaboration de corpus pour la réflexion grammaticale." "De plus en plus de documents authentiques sont introduits dans la classe pour montrer le français tel qu’il est pratiqué par des locuteurs natifs." "Les nouvelles technologies sont susceptibles d’apporter dans la classe d’autres ressources diversifiées ; elles permettent en outre un travail en autonomie respectant le respect du rythme d’apprentissage de chacun." |
Faire de la grammaire... à sa manière
"Il semble se dégager trois catégories d’enseignants :
|
|
- D’autres enseignants, enfin, varient leurs pratiques, alternant les démarches onomasiologique et sémasiologique."
Et vous, quelle grammaire faites-vous ?
Inductive ? Contextualisée ? Prescriptive ? Implicite ? De la phrase ? Pédagogique ? Décontextualisée ? Du texte ? Déductive ?
Explicite ? De l’apprenant ? Descriptive ?
Explicite ? De l’apprenant ? Descriptive ?
Testez-vous grâce à cette excellente fiche pédagogique de la revue Français dans le monde.
Ses objectifs : - Prendre conscience de la polysémie du mot « grammaire » - Savoir identifier le(s) type(s) de grammaire proposé(s) dans les méthodes - Savoir identifier une démarche réflexive dans l’enseignement de la grammaire Plusieurs activités sont proposées : - ACTIVITÉ 1 : Expliquez chacun des termes des oppositions suivantes. - ACTIVITÉ 2 : Dans le tableau qui suit les différents types de grammaire et leurs explications ont été mélangés. À vous de rétablir le bon ordre. Après vous pourrez revenir sur les définitions que vous venez de donner (Activité 1) pour les confirmer ou les modifier. - ACTIVITÉ 3 à 5 : Voici comment deux manuels présentent des points de grammaire. À vous de dire s’il s’agit de grammaire xxx ou yyy. - ACTIVITÉ 6 : Prenez connaissance de cette situation d’enseignement et dites à quels types de grammaire, parmi ceux présentés dans l’activité 2, le procédé utilisé par cet enseignant peut se rapporter. - ACTIVITÉ 7 : Voici trois petits textes qui présentent autant de situations d’enseignement de la gram-maire. Lequel de ces trois enseignants de FLE propose une démarche réflexive ? |
Envie de creuser la question ?
- Introduction à l'enseignement de la grammaire - Les étapes de la conceptualisation grammaticale ou la grammaire par la démarche active de découverte - Réflexion sur l'enseignement de la grammaire (à lire comme une réflexion non comme un cours)
"Cette unité expose les avantages d’une grammaire conceptualisée par les apprenants. A la fin de cette unité, vous serez capable de produire un corpus communicatif adéquat aux objectifs, de mener également des activités de conceptualisation grammaticale avec vos apprenants et de proposer des exercices de remédiation adapt." |
1. Doit-on enseigner la grammaire ? 2. Quelle grammaire ? Quelle(s) théorie(s) grammaticale(s) ? 3. La norme 4. Les règles 5. La correction des fautes 6. La place d’un enseignement grammatical théorique et pratique _ (exercices) : quoi, quand, comment ? 7. Les exercices
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